France : entre en faire trop et ne pas en faire assez, la nécessaire mobilisation face à la Canicule

France : entre en faire trop et ne pas en faire assez, la nécessaire mobilisation face à la Canicule

jeudi, 27 juin, 2019 à 12:39

-Par Amina Benlahsen –

Paris – S’il est un sujet à s’imposer ces derniers jours en tant que titre incontournable en tête des préoccupations des médias français, c’est bien celui de la canicule, allant jusqu’à reléguer au second plan d’autres thèmes, pourtant tout aussi importants, touchant notamment à l’actualité politique et sociale.

Les plateaux des médias audio-visuels auront ainsi accueilli toutes sortes d’experts (climatologues, météorologues…) pour décortiquer le phénomène et en expliquer les tenants et aboutissants. Rien n’est négligé. En amont comme en aval, chaque journée est analysée à l’envie, cartes et images satellites à l’appui. Des reportages étayés d’interviews, de témoignages et de séquences de personnes âgées cloitrées chez elles, d’individus en quête d’ombre dans les parcs et jardins ou encore d’enfants faisant trempette dans les fontaines publiques, viennent attirer encore plus l’attention sur le caractère exceptionnel, voire périlleux, du phénomène.

Depuis le début de semaine, le tour de la question a été fait, et même plusieurs fois, à commencer par la définition de la canicule dont on aura su qu’il s’agit d’un niveau de très fortes chaleurs le jour et la nuit pendant au moins trois jours consécutifs. A ne pas confondre avec la hausse normale des températures notamment en été, insistent les experts en n’ayant de cesse de relever la précocité du phénomène pour un mois de juin et son intensité (Selon Météo France, il s’agit d’un épisode sans précédent par son intensité et sa précocité, et ce depuis 1947 et l’établissement de relevés détaillés).

Toutes les demi-heures, les téléspectateurs des chaines de télévision d’information en continu ont droit en prime, de jour comme de nuit (le sommeil étant difficile par les temps actuels), à des répétitions en bonne et due forme de l’ensemble de la matière traitée, un rabâchage qui enracine dans l’esprit de celui qui le subit le sentiment que le péril est bien réel.

A intervalles réguliers, les bulletins météorologiques, présentés sur fond de carte colorée de rouge (signe du climat torride qui règne), viennent rappeler aussi aux communs des mortels que les températures montent encore, que la pire est encore à venir et qu’il ne faudrait pas espérer que la canicule prenne fin avant la fin de la semaine, voire avant lundi ou mardi prochains pour certaines régions.

Dans ce contexte chargé d’appréhensions et d’inquiétudes (jeudi et vendredi étant annoncés comme journées à grand risque), toutes sortes de conseils fusent sur les plateaux des médias audio-visuels de la part de spécialistes sur les meilleurs moyens de faire face à cet aléa climatique, notamment la manière de s’habiller, de s’alimenter, de se mouvoir. Que de fois a-t-on insisté sur la nécessité de ne pas s’exposer au soleil et de s’empêcher, pour ceux qui le peuvent, de sortir les heures de plein ensoleillement, de se forcer à boire 1,5 à 2 litres d’eau au moins par jour pour prévenir tout risque de déshydratation, de s’asperger régulièrement d’eau à défaut de prendre des douches, de fermer les volets des fenêtres le jour et de ne les rouvrir que le soir afin d’éviter l’emmagasinement de la chaleur, de s’habiller léger… La liste de ces conseils est longue mais a permis certainement à tous en France, où 78 départements (pratiquement toute la France) étaient placés mercredi en alerte canicule, de bien assimiler la leçon et de développer une bonne culture de la catastrophe caniculaire et des moyens d’y faire face.

Il va de soi que les politiques ne pouvaient rester à l’écart de la mobilisation que suscite un événement de cette dimension vu son impact et les périls auxquels il exposerait les populations, en particulier les plus vulnérables d’entre elles (personnes âgées, enfants en bas âge, malades…).

Des responsables à différents niveaux se succèdent ainsi sur les plateaux des radios et des télévisions pour expliquer, de manière exhaustive, les mesures prises à titre préventif et vulgariser les dispositifs opérationnels mis en place.

Marqué par le souvenir douloureux des 15.000 morts recensés lors de la canicule d’août 2003, le gouvernement français occupe le devant de la scène dans les circonstances actuelles en multipliant les initiatives pour empêcher que pareille situation ne se reproduise ou au moins pour que les dégâts soient les plus limités possibles.

Le président Emmanuel Macron a assuré, à cet égard, que “tout le gouvernement” était mobilisé pour faire face à cet épisode caniculaire.

Un effort tout à fait particulier a été consenti au niveau des différents services d’urgence désormais totalement mobilisés pour intervenir dans tous les cas où le besoin se fait ressentir ainsi que pour ce qui est de la campagne de sensibilisation menée tambour battant par supports médiatiques interposés pour alerter les populations sur les bons gestes à adopter.

D’aucuns au sein de l’opposition considèrent qu’on en fait trop en parlant même d’alarmisme, un jugement réfuté par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui conteste tout excès en continuant à se mobiliser ainsi que d’autres membres du gouvernement pour que le pays puisse traverser cet épisode sans trop de dommages.

“Pour tous ceux qui savent, évidemment on en fait trop, mais si je peux éviter des morts inutiles, je continue à communiquer sur la prévention”, s’est défendue la ministre en affirmant assumer la mobilisation.

Les consignes diffusées via des messages à la télévision et à la radio ou encore dans les transports et sur les panneaux d’affichage “méritent d’être rappelées”, a-t-elle soutenu.

“Je ne veux pas en faire trop, mais je ne veux pas qu’on me reproche un jour de ne pas en avoir fait assez”, a-t-elle ajouté.

Au fur et à mesure de ses sorties, Buzyn a dévoilé un éventail de mesures intéressant divers secteurs d’activité, notamment l’organisation du travail dans les entreprises (décalage des horaires, encouragement du télétravail…).

Aux côtés de ces mesures, elle n’a eu de cesse de demander “à chacun de se sentir responsable de soi-même, de sa famille et de ses voisins” et de faire montre de solidarité spécialement envers les personnes âgées et les sans domicile fixe.

Dans ce contexte, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé le report de quelques jours des épreuves du brevet des collèges, qui devaient avoir lieu jeudi et vendredi, afin de “garantir la sécurité des élèves”.

“C’est la première fois que nous avons à affronter de telles chaleurs alors qu’il y a des examens”, a expliqué le ministre, les précédents épisodes caniculaires qu’a connus la France ayant eu lieu pendant les vacances d’été.

Il va sans dire que tous les autres secteurs sont concernés, à commencer par l’agriculture eu égard à l’impact que pourrait avoir la canicule sur les cultures et sur la santé animale.

Pour le secteur des transports, urbains notamment et le rail, cet épisode implique de surveiller de très près matériel et infrastructure, dont les câbles d’alimentation électrique, les caténaires et les voies.

Dans le bâtiment, les représentants du secteur ont déjà annoncé le décalage des horaires de travail de telle manière à éviter les heures de plein ensoleillement.

S’impliquant également dans la campagne de prévention et de sensibilisation, les autorités au niveau de nombreuses villes ont multiplié les initiatives, notamment l’ouverture de salles climatisées au sein des mairies devant ceux qui le désirent, le maintien de l’accès aux parcs et jardins jour et nuit et la restriction de la circulation pour éviter que les véhicules les plus polluants ne viennent compliquer une situation qui l’est déjà assez.

S’il est vrai qu’à quatre jours du bout du tunnel, les gens en ont plein les tympans, il est tout autant vrai que tout le tapage fait autour de la canicule est bénéfique, voire salutaire, pour de larges franges de la population (les personnes âgées, les malades, les enfants notamment) pour lesquelles il vaut mieux en faire beaucoup que ne pas en faire assez. A moins que les politiques, ceux de l’opposition, n’y voient autre chose… En politique, tous les doutes sont malheureusement permis. Surtout à l’approche des élections municipales. La réalité reste toutefois têtue : il est prévu que le mercure atteigne ce jeudi jusqu’à 42 °C localement, une situation difficile, très très difficile.

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