Au Sénégal, des espoirs et vœux sont portés sur les ailes de petits oiseaux

Au Sénégal, des espoirs et vœux sont portés sur les ailes de petits oiseaux

jeudi, 27 avril, 2017 à 12:01

 

Abdelatif Abilkassem

 

Dakar – Les anthropologues se sont investis, au fil des temps, dans la description et l’étude des traditions et coutumes distinguant une société d’une autre, puisant pour ce faire dans le bas-fond de l’histoire et de l’origine de ces traditions, dont celles liées à des rituels qui, selon certaines croyances, sont porteurs de bonne chance et aident à la concrétisation des vœux les plus profonds.

Au Sénégal, ils sont nombreux ceux qui, face à n’importe quel écueil, financier ou moral soit-il, ou tout simplement pour obtenir la grâce divine, n’hésitent pas à se procurer de petits oiseaux appelés “pitch” en langue wolof pour les libérer, en croyant que ces petites créatures vont transmettre leurs souffrances vers le ciel et aider à la concrétisation de leurs vœux.

Ainsi, il est très fréquent de croiser, à Dakar, des jeunes garçons avec leurs paniers-cages remplis de dizaines de oisillons, sillonnant les artères de la capitale durant toute la journée en quête d’acheteurs prêts à offrir la liberté au petit oiseau pour aider à concrétiser leurs vœux.

Sous un soleil de plomb, le jeune Abounian (20 ans), un de ces vendeurs de oisillons croisé sur l’avenue Peytavin, au centre-ville, affirme avoir pratiqué ce commerce depuis l’âge de 12 ans.

Avec un français envahi par le wolof local, Abounian raconte, dans une déclaration à la MAP, ses premiers pas dans ce métier qui lui permet de subvenir, tant bien que mal, aux besoins de sa famille qui habite dans la banlieue de Dakar.

“Pour se donner à ce métier, il n’y a pas de secret. J’achète 100 oiseaux au gros à 50 francs CFA la pièce (moins d’un dirham) et je les revends à 100 francs CFA. Des fois, je peux tirer mon épingle du jeu et parfois ça me prend trois jours pour tout liquider”, a-t-il dit, notant que “les gens achètent ces oiseaux soit juste pour les libérer soit pour obtenir la grâce de Dieu”.

Pour se procurer ces oisillons en gros, il faut obligatoirement se rendre au quartier Thiaroye dans la banlieue dakaroise chez “Diallo Pitch”, le précurseur de ce métier, qui a fait fortune avant de léguer à ses héritiers, après son décès, un commerce florissant.

Sa fille, Assiatou Diallo, affirme que son père vendait différents espèces d’oiseaux chanteurs aux touristes et les exportait même à l’étranger, avant qu’il ne se donne au commerce des petits oiseaux, devenus très prisés suite aux recommandations des imams de mosquées invitant leurs disciples à acquérir et libérer ces petites créatures pour surmonter les problèmes personnels et aider à concrétiser leurs vœux.

Il y a même des clubs sportifs locaux de football dont les joueurs achètent 100 oiseaux et les relâchent pour leur apporter une bonne chance lors d’un match à venir, a-t-elle fait savoir.

Et d’ajouter qu’il arrive parfois qu’une seule personne achète le même jour 4000 oiseaux pour les libérer en même temps.

Pour M. Abdoulaye, enseignant de son état, ce phénomène est répandu au Sénégal. “Certains achètent ces oiseaux pour renforcer leur chance de trouver un travail, et d’autres le font par pitié”, a-t-il confié.

“Si l’on assiste à un combat de lutte libre, un sport très populaire au Sénégal, on verra certainement que les deux lutteurs ou l’un d’eux procéder à la libération de ces oiseaux dans l’espoir de remporter le combat”, a-t-il dit.

Notant que ces pratiques ne peuvent en aucun cas avoir un effet sur le cours du combat ou sur la concrétisation d’un voeux quelconque, M. Abdoulaye affirme qu’il s’agit juste d’une quête d’une paix interne chez les acheteurs de ces oiseaux.

Du point de vue religieux, le président du conseil supérieur islamique du Sénégal (CSI), Ahmeth Iyane Thiam souligne que la libération de ces oiseaux relève juste de la pitié qu’éprouvent certaines personnes pour ces créatures impuissantes, ce qui est recommandé par la religion, dit-il, affirmant néanmoins que “le fait de libérer ces oiseaux ne peut nullement être conçu comme un acte de porte-bonheur”.

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