Afrique du sud: 20 ans après, la politique d’émancipation économique des Noirs bute toujours sur des inégalités têtues

Afrique du sud: 20 ans après, la politique d’émancipation économique des Noirs bute toujours sur des inégalités têtues

mardi, 7 avril, 2015 à 11:15

Par Abdelghani AOUIFIA

Johannesburg – Vingt ans après sa mise en œuvre au lendemain du démantèlement de l’Apartheid, le Black Economic Empowerment (BEE/ politique d’émancipation économique des Noirs) semble toujours buter sur des inégalités bien ancrées dans le pays de Nelson Mandela.
Conçu par l’African National Congress (ANC/au pouvoir), le BEE vise à promouvoir une meilleure intégration de la majorité de couleur dans les différents secteurs du pays, en particulier dans l’administration, les services publics et les sociétés nationalisées et privées.
Cette politique a été mise au point pour bâtir une nouvelle Afrique du sud, dont l’économie roulait à l’époque à deux vitesses: une économie hautement industrialisée, dominée par les blancs, et une autre noire, engluée dans la pauvreté et le manque criant d’infrastructures.
Cependant, cette politique tarde toujours à donner les résultats escomptés en raison de plusieurs facteurs d’ordre social, économique et culturel.
Un rapport publié en 2014 par la commission sur l’égalité dans l’emploi a montré que les Sud-africains blancs occupent près de 63 pc des positions supérieures contre seulement 19 pc pour les Noirs.
Les chiffres du recensement sud-africain de 2011 ont, quant à eux, montré que le revenu des Blancs était six fois supérieur à celui des Noirs, qui représentent 80 pc de la population du pays.
Le chômage affecte, pour sa part, près de 25 pc de la population active du pays, en majorité les Noirs.
Ces chiffres contredisent le principe de base sur lequel repose le BEE dont l’ambition est de permettre au peuple sud-africain de partager les richesses du pays et rompre ainsi avec le régime de l’Apartheid qui privait la population noire de tous ses droits y compris économiques.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement de l’ANC s’est retroussé les manches durant les deux dernières décennies pour construire un nouveau système économique où toute la population trouvera sa part.
Il s’agit de la politique de transformation économique. Les promoteurs de cette transformation, tout en adoptant “une discrimination positive” comme toile de fond de leur politique, argumentent que ce choix stratégique ne vise pas un simple transfert des atouts économiques à une nouvelle frange de la population.
Il s’agit, d’après eux, d’un exercice capable de produire un véritable partage équitable des richesses tout en préservant la place du pays sur l’échiquier international comme une puissance émergente.
Cependant, des voix se sont élevées en Afrique du sud pour souligner que la dé-racialisation pure et simple de l’économie ne réussira pas à atteindre la transformation souhaitée.
Pour eux, l’émancipation économique des Noirs doit cibler les populations les plus pauvres, en particulier dans les zones rurales, à travers un accès plus large à l’éducation, ce dont la population noire a été privée pendant de longues décennies.
Récemment, le gouvernement sud-africain a réitéré, par la voix du président Jacob Zuma son engagement en faveur d’une meilleure intégration des populations de couleur dans la vie économique, comme moyen de réussir la transformation économique du pays.
“Nous voulons voir davantage d’usines et d’autres outils de production possédés par des personnes de couleur dans le but de réussir la transformation économique du pays”, a dit M. Zuma lors d’une rencontre avec des industrialistes dans la région de Midrand (près de Pretoria).
Cette politique est cruciale pour relever les défis du développement et combattre le chômage, qui affecte près de 25 pc de la population active en Afrique du sud, a encore dit M. Zuma, se réjouissant des avancées réalisées dans ce contexte grâce à la loi sur la promotion économique des populations de couleur.
Le chef de l’Etat sud-africain reconnait, toutefois, que le chemin d’une parfaite égalité demeure long et épineux, citant notamment le secteur financier où seulement 3 pc des personnes noires possèdent des actions dans la bourse de Johannesburg.
La sortie du président Zuma, tout en repoussant aux devants de la scène politique le débat sur l’égalité en Afrique du sud, a fait de la bourse de Johannesburg (JSE/Johannesburg Stock Exchange) le nouveau champ de bataille pour la dé-racialisation de l’économie.
Le JSE, le marché financier le plus important en Afrique, a toujours joué un rôle central reflétant la valeur d’un pays extrêmement riche en ressources et doté d’un système économique qui n’a rien à envier aux pays les plus avancés de la planète.
Les défenseurs de l’élargissement du BEE estiment que la Bourse de Johannesburg demeure un fief pour les Blancs et appellent à davantage d’efforts pour favoriser une meilleure ouverture du marché financier sud-africain aux personnes de couleurs.
La faible participation de la population noire dans le capital des compagnies cotées au JSE illustre, selon eux, la lente émancipation économique de la majorité noire dans le pays arc-en-ciel.
Pour les analystes économiques, le débat sur cette question précise montre l’impératif pour les autorités sud-africaines de trouver les moyens idoines pour accélérer la transformation économique du pays afin de lui permettre de retrouver son expansion d’il y a plus de 20 ans.
L’émancipation économique des populations noires est cruciale dans ce sens, estime Stuart Theobald, analyste financier au sein de Leriba, un cabinet de conseils basé à Londres et spécialisé dans les questions africaines.
Cette émancipation demeure importante pour juger la réussite de la politique de transformation économique menée par l’ANC, a dit l’analyste.

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