Les conditions algériennes, une énième tentative de maintenir le statu quo sur la question du Sahara

Les conditions algériennes, une énième tentative de maintenir le statu quo sur la question du Sahara

vendredi, 5 juillet, 2013 à 11:05

Rabat – Plus qu’une maladresse du point de vue diplomatique et une entorse au bon voisinage, les conditions algériennes pour la normalisation des relations avec le Maroc dévoilent une énième tentative de la part d’une vieille-garde aux commandes en Algérie pour maintenir la question du Sahara au stade de statu quo et reléguer au second plan la nécessité de développer les relations avec le voisin de l’ouest et de relancer l’édification maghrébine.

Il s’agit certes d’une contradiction flagrante avec la position “très officielle” d’Alger et une rupture d’un engagement pris au plus haut niveau entre les deux pays, à savoir découpler la question du Sahara du développement des relations bilatérales. Mais les galonnés aux commandes à Alger n’en ont cure de cette contradiction, épinglée à juste titre par un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération.

“La réaction du porte-parole du ministère des Affaires Etrangères algérien occulte toute référence au principal motif qui a présidé à la récente mise au point marocaine, à savoir le rejet du principe même d’introduire et de fixer, unilatéralement, des conditions à la réouverture des frontières terrestres”, lit-on dans ce communiqué.

Le ministre délégué aux Affaires étrangères, Youssef Amrani, a été encore plus explicite en affirmant qu'”aujourd’hui, nous constatons que l’Algérie rompt, de manière unilatérale, un engagement, convenu au plus haut niveau et réitéré à maintes reprises, de découpler la gestion du dossier du Sahara marocain de l’évolution des relations bilatérales”.

Cet avis officiel est soutenu par le chercheur Mohamed Darif : “Les responsables algériens ont évoqué trois conditions, mais la condition qui met à nu le rôle de l’Algérie dans ce conflit est bien celle qui appelle le Maroc à respecter la position du gouvernement algérien au sujet de la question de nos provinces du sud, alors que les responsables algériens n’ont eu de cesse d’évoquer leur neutralité vis-à-vis de cette question”.

Ainsi, le décor est planté. D’un côté, on avance officiellement depuis Alger une “certaine” neutralité vis-à-vis de l’affaire du Sahara, et de l’autre un porte-parole de la diplomatie algérienne conditionne la normalisation des relations avec le Royaume à trois conditions, aussi farfelues qu’infondées. La condition la plus surprenante, énoncée sur un ton martial, étant de placer la gestion de la question du Sahara au centre des relations bilatérales.

Un revirement dans la position algérienne qui dénote une nouvelle tentative de reporter aux calendes grecques la résolution de ce conflit et maintenir la région dans un climat d’insécurité et d’incertitude qui fait la part belle aux extrémismes de tout bord.

Et pourtant, la situation dans la région sahélo-saharienne devrait mieux inspirer nos voisins algériens. Un contexte qui interpelle plus que jamais pour assainir les relations, surveiller étroitement les frontières communes, relancer une UMA au point-mort et apporter une réponse collective à une série de défis qui guettent la région.

“Ce qui est positif dans ces déclarations, c’est qu’elles dévoilent la position de l’Algérie qu’elle a, depuis longtemps, cherché à occulter, à savoir son rôle dans le conflit artificiel autour du Sahara marocain”, fait remarquer Darif.

Maladresse diplomatique ou réflexes automatisés de la guerre froide? Difficile de trancher.

Pour le président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l’analyse des politiques, Abderrahim Manar Slimi, ces conditions constituent une “annonce du retour de la région maghrébine au temps de la guerre froide” et maintiennent la zone dans une situation de tension et d’instabilité.

Quant à Peter Pham, directeur du Centre Michael Ansari pour l’Afrique, relevant de l’Atlantic Council, il va plus loin en notant que derrière cette sortie médiatique, se profile la tentative d’Alger “de créer la confusion et de se dérober face à l’impérieuse nécessité d’une coopération sécuritaire régionale immédiate, conformément aux appels répétés de la communauté internationale, pour lutter contre la montée en puissance des groupes terroristes affiliés à Al-Qaeda et des réseaux criminels transnationaux qui s’activent dans la région”.

“Chantage!”, s’exclame le directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) de Paris, Charles Saint-Prot, à propos de ces conditions. “Alger tente d’envoyer la balle dans le camp du Maroc avec une conditionnalité qu’on pourrait appeler du chantage pour la réouverture des frontières”, déclarait récemment Charles Saint-Prot à la Radio Médi 1.

Ou peut-être s’agit-il tout simplement d’une envie de marquer le territoire, dans un pays connaissant un vide politique après la maladie du chef d’Etat? Ces conditions reflètent aussi la confusion dans laquelle se trouve le régime algérien, particulièrement à la suite de la maladie du président Bouteflika et à la lumière des luttes intestines pour le pouvoir, sans oublier la pression d’une société au bord de l’implosion, estime à ce propos Manar Slimi.

Dans l’attente d’une prise en considération plus raisonnable et objective de la réalité sur le terrain et des exigences de coopération de la part des responsables algériens, Rabat réaffirme son attachement aux règles de bon voisinage et au droit des citoyens à la libre circulation, tout en rejetant le principe même d’introduire et de fixer, unilatéralement, des conditions à l’ouverture des frontières terrestres.

Par Jihad BENCHEKROUN

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