Mawazine : Le grand orchestre de Juan José Mosalini ensorcèle les amateurs du tango

 – Par Hajar El Faker -.

 Rabat- Le grand orchestre du bandonéoniste virtuose Juan José Mosalini a ensorcelé, samedi soir à Rabat, le public de la 15-ème édition du festival Mawazine -Rythmes du monde avec des airs argentins tantôt languissants et mélancoliques, tantôt joyeux et dynamiques, donnant à voir des mouvements tout en souplesse, grâce et raffinement.

Accueilli chaleureusement au Théâtre Mohammed V, Juan José Mosalini a proposé aux mélomanes de Mawazine un spectacle intitulé “Alma de Tango”, invitant ses aficionados à un voyage au cœur de la culture argentine, les plongeant dans un univers d’émotion débordante, de sensualité et de classicisme.

Issu du projet “Noche de Tango”, ce spectacle sculpte le tango par l’intime, révélant par touches le secret d’un art musico-chorégraphique plus que centenaire, complexe et tentaculaire dans un univers où même le silence devient poésie, musique et chanson.

Entouré d’un quartet composé du violoniste Sébastien Couranjou, du contrebassiste Lucas Frontini, du pianiste Diego Aubia et de la chanteuse Sandra Rumolino, ainsi que de deux danseurs Jorge Rodriguez et Natalia Cristobal Rive, celui que l’on qualifie de “maître du tango moderne” a mis en exergue la beauté des poésies du célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges, et a éludé Carlos Gardel et le “Volver”, en revisitant également le riche répertoire d’Astor Piazolla “J’oublie” (Oblivion) et de l’orchestre d’Osvaldo Pugliese avec “Desde el Alma” ou encore “Bordoneo y 900”.

En maître enchanteur dont la musique chatouille doucement les âmes pour réveiller les sens et les plonger dans un tourbillon d’émotions, le bandonéoniste argentin et sa troupe ont gagné le coeur du public qui les a longuement acclamés au terme du spectacle.

En digne héritier de ses prédécesseurs, Juan José Mosalini, reconnu partout comme le grand ambassadeur du tango argentin, est l’un des rares bandonéonistes capables de faire revivre toute l’histoire du tango, à travers notamment les partitions de Tarantino Gardel, d’Astor Piazzolla ou encore celles émaillées de ses propres compositions.

Selon lui, le tango ne se limite pas à la nostalgie, mais exprime tous les sentiments. Mélangeant ainsi, chant, musique, danse et poésie, “Alma de Tango” revendique une dimension poétique sans jamais renier sa fière appartenance populaire et son caractère universel qu’il doit à son enracinement dans l’identité argentine.

“Ce spectacle est un mélange de cultures chargé d’émotions”, s’est confié el maestro, ajoutant qu’il s’agit aussi d’un état d’âme du mal du pays qui hante les mémoires des immigrés.

A cette occasion, il s’est dit heureux et honoré d’être au Maroc afin de faire connaitre les différentes facettes des émotions véhiculées par le tango, invitant son auditoire à voyager au cœur des compositions du passé, des classiques et celles d’aujourd’hui.

Juan José Mosalini, natif de Buenos Aires, est un peu au tango ce que Paco de Lucia est au flamenco : un maître majeur de l’époque moderne qui non content de perpétuer une tradition, se fait un devoir de l’enrichir et de la transmettre.